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X   Signé Patrice Vatan
Trajectoires et lignes de vie
Trente secondes. Le cercle épais du volant.   Claudine Brillowski

Mû vraisemblablement par le secret désir de booster la version française de son site, et croyant peut-être tenir en moi un mélange d'Arthur Rimbaud et de Joseph Kessel, João Paulo Lopes da Cunha, webmaster de FORIX, m'a demandé d'écrire ma biographie.

Je n'ai hélas rien de ces deux-là et ce récit ne sera pas émaillé de boutres mouillant en mer Rouge, avec des semelles de vent flottant au mât, et même si ma trajectoire a croisé celle de Gérard Crombac (ce que prouve le document ci-contre, pris au GP d'Angleterre 1984), ma plume est modeste, trempée à l'encre de la banlieue parisienne, comme les lecteurs ont dû s'en rendre compte.

Qu'importe ! Amorcée au Grand Prix du Maroc 1958 - j'avais dix ans et j'avais soif, toute cette poussière -, ma ligne de vie décrit une trajectoire qui n'est pas aussi pure que celle de Jackie Stewart dans Clearways, mais qui dure puisque le dernier Grand Prix d'Angleterre y figure. En une centaine de Grand Prix, au gré de hasards qui en disent plus long qu'ils ne le prétendent, un groupe s'est formé autour de moi.

Et pour le prix d'une, João Paulo et vous, chers lecteurs, en aurez quatorze… de biographies, celles de toutes les personnes qui, le long de cette trajectoire de vie, en ont été, à un moment donné, le point de corde.

Jean-Pierre Aga, rencontré à Orly en partant à Watkins Glen en 1978. Il achète religieusement « Sport-auto » tous les mois et a rêvé la mort de Jochen Rindt dans la nuit du 4 au 5 septembre 1970.

Pascal Bisson, connu au camping de Zeltweg en 1974 où il était venu de Reims en Yamaha 125. Sa mémoire visuelle prodigieuse lui permettait de mettre un nom sur chaque visage croisé quand nous descendions, fiers comme artaban, une ligne de stands.

Christian Bon, je l'ai connu au début des années 70, au Salon de la voiture de course où il rouspétait contre la piètre qualité des films proposés et il me fut sympathique d'emblée. Râleur-né, Christian conduisait avec détermination et souvent le poing levé sa Chrysler 180 qui servait à nos déplacements de courses en courses dans les années 70. Capable d'enfiler d'une traite des Paris-Anderstorp ou des Paris-Zeltweg, au son de la seule cassette que nous lui ayons connue : « Wish you were here » des Pink Floyd.

Jean-Paul « Le Cake » Copatey s'était indigné bruyamment lorsque des spectateurs rageaient d'avoir raté à la caméra l'accident fatal survenu à Gerry Birrell à Rouen F2 en 1973 ; Il est entré dans notre estime de jour-là. Surnommé « Le cake » en raison d'un chargement de viennoiseries renversé sur le Phériph' alors qu'il pilotait un Stradair, Jean-Paul était un conteur hors-pair. Son répertoire favori : une sortie de route de Merzario aux 1000 km de Spa, dont il faisait un chef-d'œuvre de la tradition orale. C'est d'ailleurs la bouche qui l'a perdu, il s'y est tiré une balle un soir d'hiver.

Pierre Chrétien était dans l'avion qui m'emmenait au GP de Monaco 1973. Cet amoureux de mécanique est né avec un carburateur dans la paume et son nom apparaît dans un des premiers numéros de « Sport-auto » dont il inaugure le courrier des lecteurs, fin 1962.

Michèle de Courteix est une authentique vicomtesse qui promenait son élégance raffinée entre Thruxton et Monza. Ayant débuté sa carrière dans le groupe au bras de Gilbert Monceau (voir plus bas), elle coule maintenant une existence confortable en compagnie de Jean-Paul Orjebin et c'est lors du GP de Monaco 1976 qu'elle passa de l'un à l'autre.

Martine Deldyck, amoureuse de Jochen Mass et germanophone (utile quand on négocie une bière-saucisse au Nurburgring) est entrée dans le groupe sur le bateau qui nous ramenait de la course des Champions en 1974.

Jacques Gauthier était un copain du « Cake » et les deux lascars s'étaient rencontrés au GP de Belgique 1968. Le grand Jacques avait l'estomac dérangé quand il allait voir des courses et son principal souci était l'emplacement des chio… enfin des lieux d'aisance. Est toujours à la recherche de « L'année automobile » numéro deux.

Michel Letue se distingue de deux façons : il a assisté à tous les GP d'Angleterre depuis 1972 et sa connaissance phénoménale du sport automobile en fait une sorte de Monsieur cinéma des Grands Prix. Il désire que ses cendres soient dispersées sur le virage de Druidsbend à Brands Hatch. Elles le seront.

Michel Mathieu était du voyage de Monaco 73, comme Pierre Chrétien. Il n'a pourtant avec ce dernier qu'un point commun : l'amour de la course automobile. S'exprimant avec la richesse et la précision qu'on attend du fin lettré qu'il est - il manierait l'imparfait du subjonctif même en situation de guerre - et toujours mis d'un costume de bonne étoffe qu'agrémente un éternel imperméable, qu'il porte en sautoir par grande chaleur, Michel Mathieu est une version française du John Steed de la série "Chapeau melon et bottes de cuir".
Nous ne lui connaissons d'Emma Peel qu'une maîtresse, sa connaissance de l'histoire de notre sport qu'il nous fait partager régulièrement autour d'une bonne table du quartier Montparnasse. Né à un jet de pierre du circuit de Reims, l'homme est la mémoire vivante du lieu. L'entendre raconter la mise en place de la grille de départ du GP de l'ACF 63 - dont il a livré les images à FORIX - nous rend indulgent envers l'unique défaut identifié chez lui, mais agaçant pour le germanophobe que je suis : il termine chacune de ses interventions d'une phrase en allemand.

Gilbert Monceau s'est fait remarquer en brandissant un drapeau tricolore dans le paddock de Montjuich, juste après la seconde place de François Cevert en 1973 et je me souviens comme si c'était hier de la bouteille de champagne chaude que nous bûmes ce soir-là. Esprit rigoureux et scientifique, Gilbert était un découvreur de talents. Ne m'avait-il pas dit au Mans, en assistant à la première course de Formule Renault de la saison 1976, à laquelle participait le tout jeune et inconnu Alain Prost : « Patrice, retiens ce nom, on en reparlera ! »

Jean-Paul Orjebin, dont la rencontre date du GP d'Autriche 1974 - il avait stationné sa Simca rallye 2 immatriculée 93 devant la gare de Knittelfeld -, est un tifosi absolu et total. Il a serré la main d'Enzo Ferrari et prononce avec un accent impeccable la centaine de mots qui forme son vocabulaire italien.

Guy Royer parlait peu mais juste. Nous entrions sans payer à Monthléry en escaladant un arbre qui poussait judicieusement comme un escalier le long du mur d'enceintes, ce qui déclencha chez lui une belle carrière de faussaire. Dans sa mallette qui ne le quittait pas sur les courses, il y avait des feutres, des calques, du Lettraset, bref tout ce qui permettait de fabriquer un faux-vrai laissez-passer. Je ne suis pas sûr à cet égard, que le brassard de photographe qui figure sur la page FORIX du GP de Monaco 1978 soit vraiment de la bonne couleur :o)

Jean-Michel Sacaze, je le connais depuis les 1000 km du Nurburgring 1974 où son aplomb et son abattage m'avaient impressionné. Prêt à tout pour avoir un badge pendu à son cou, il envisageait, en 1974 à Jarama, d'attaquer un môme porteur du précieux sésame dans le souterrain menant du paddock aux stands, pour le lui piquer. Je l'ai vu lire par-dessus l'épaule de Johnny Rives qui écrivait dans la salle de presse d'Anderstorp en 1975 ce qui devait devenir « l'Equipe » du lendemain !